Une anthologie littéraire en soutien à l’Ukraine intitulée Il y a des bombes qui tombent sur Kyiv, est sortie le 21 mai dernier. Cette anthologie contient des textes de plusieurs auteur.e.s de l’Acadie, dont cinq de la Nouvelle-Écosse, soit Martine L. Jacquot, Valerie LeBlanc, Mélodie Jacquot-Paratte, David Litalien, et Thibault Jacquot-Paratte. Ce dernier a codirigé l’anthologie avec la photographe Charlotte Lakits, actuellement basée en Normandie, en France. Les autres participants acadiens comptent Joannie Thomas, Sébastien Lord-Émard, Albert Roy et Daniel H. Dugas.
Une « Anthologie pour la paix »
Si le livre électronique est accessible gratuitement, il incite les individus à faire un don envers un organisme qui aide l’Ukraine. À côté du lien de téléchargement figurent des liens vers la Croix-Rouge, l’UNICEF, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, l’ONG Blue/Yellow, et vers les fonds ouverts par l’ambassade d’Ukraine en France.
L’anthologie est en faveur de l’Ukraine; elle ne s’affiche néanmoins pas comme « anti-russe ». L’anthologie ouvre avec un poème contre la guerre écrit par une expatriée russe, Alexandra Kazakova. D’autres illustrations et textes d’une artiste liée à la fois à l’Ukraine et à la Russie, Aglaya Shulzhenko, figurent dans l’ouvrage. Comme nous le dit Martine L. Jacquot, « la plupart des Russes sont des gens qui n’ont pas la vie facile. Quand j’ai été invitée en Russie en tant qu’auteure, j’ai vu beaucoup de gens qui devaient travailler fort pour avoir de quoi vivre. On a vu des manifestations en Russie au début de la guerre. On peut être sûr qu’il y aurait encore des manifestations si les manifestants n’étaient pas arrêtés par la police. Ils ne vivent pas dans un pays libre; au Canada, on ne sait pas ce que c’est, nous, de vivre dans la peur. Dans une guerre, tout le monde est perdant. »
Le sentiment n’est pourtant pas dans l’apologie. « C’est un pays qui en envahit un autre… y’a quoi à dire ? », nous demande Thibault Jacquot-Paratte, stressant que si l’anthologie n’est pas contre les Russes, elle vise à soutenir l’Ukraine.
Une anthologie féministe
Plusieurs textes dans l’anthologie, tels que ceux de Joannie Thomas, d’Albert Roy, ou d’Amber O’Reilly, notamment, portent directement sur les droits des femmes et les violences faites aux femmes. L’anthologie rejoint alors les nombreux mouvements dénonçant les violences sexuelles et les violences faites aux femmes durant le conflit. En effet, des journaux tels que The Guardian et des ONG telles que Human Rights Watch ont rapporté des preuves de violences sexuelles faites aux femmes par les troupes russes. L’orientation féministe de l’anthologie correspond très bien aux nombreuses manifestations pour les droits des femmes qui ont eu lieu depuis le début de l’invasion.
Une anthologie artistique
L’anthologie touche des objectifs sociaux, tels que la paix, la solidarité avec l’Ukraine ou le féminisme. Néanmoins, elle demeure une anthologie littéraire et artistique. « Nous ne voulions pas faire une anthologie de journalisme ou jouer aux experts en géopolitique, nous explique Charlotte Lakits. L’objectif était vraiment de réunir des textes et des œuvres d’art solidaires avec l’Ukraine pour créer un livre, pour que ce livre aide les Ukrainiens. »
Si certains poèmes ou certaines nouvelles ont un rapport avec les conflits, ceux-ci peuvent rester très ouverts, tels que les poèmes de David Litalien La boue ou Quelque part il pleut (mais pas ici) ou Hymne à la vie de Jocelyne Verret. D’autres restent plus ouverts dans leur façon de traiter les conflits ou l’acceptation, tels que la nouvelle Sur le quai de l’infini de Simone Chaput. D’autres textes demeurent plus ouverts à l’interprétation encore.
L’anthologie réunit également des œuvres visuelles d’artistes d’une dizaine de pays et reste disponible via le site internet www.charlottelakits.com.