
Nicolas Jean, directeur général et Jean-Philippe Giroux, rédacteur en chef
Le Courrier de la Nouvelle-Écosse vient de célébrer ses 85 ans.
En pleine transition, c’est avec beaucoup d’humilité et de gratitude qu’il nous faut envisager l’avenir. Sans l’appui inconditionnel de ses lecteurs, de ses journalistes et de l’ensemble des membres des communautés dont il se fait le porte-voix, Le Courrier de la Nouvelle-Écosse n’aurait pas pu poursuivre son œuvre au fil des décennies. Pour nous aider dans cette période de transition, nous avons l’honneur d’accueillir notre nouveau rédacteur en chef, Monsieur Jean-Philippe Giroux. Journaliste de profession, diplômé de l’Université Concordia à Montréal et passionné par le journalisme local, nous lui souhaitons beaucoup de réussite dans cette grande phase de transformation du journal. C’est un honneur pour moi de lui passer le flambeau pour le volet éditorial de notre hebdomadaire. Pour entamer ce nouveau chapitre ensemble, nous vous proposons un édito sous forme de réflexion.
Un journal pour et avec nos communautés
Notre équipe travaille d’arrache-pied pour vous offrir un journal qui n’a d’autre ambition que de représenter au mieux les communautés acadiennes, francophones et francophiles auxquelles il s’adresse. Plus que jamais, le Courrier doit continuer de documenter la vie de toutes ces communautés dans un souci d’inclusion et de diversité. Nous avons une véritable responsabilité à cet égard puisque notre rôle est avant tout patrimonial. Cependant, nous pensons que ce journal doit aussi être un vecteur de réflexion et de discussion. Une communauté qui chemine et qui se questionne, c’est une communauté en bonne santé. Le contexte néo-écossais est en constante évolution. La société évolue à un rythme rapide, elle se métamorphose au rythme des grands mouvements qui animent notre monde. La pandémie en fut un. Ainsi, au cours des prochains mois, le Courrier continuera de veiller à faire en sorte d’alimenter la réflexion sur la notion de communauté. À l’approche du Congrès mondial acadien en 2024, il s’agit d’une thématique importante qui, elle-même, renvoie à la question de l’identité acadienne au sein de nos communautés.
Où sont nos communautés ?
Nous observons que les communautés acadiennes, francophones et francophiles de la Nouvelle-Écosse sont en évolution constante. Elles évoluent au rythme de notre monde. Pour les études, pour le travail, pour nous lancer en affaires, nous sommes amenés à nous déplacer. Une nouvelle communauté peut soudainement naître et trouver comme point d’ancrage une école, une entreprise (on pense à l’entreprise Michelin à Bridgewater), un commerce. C’est par exemple le cas du café l’Acadie à Peggy’s Cove qui fêtait ses 10 ans il y a peu.
Une communauté ne se définit pas uniquement par sa taille mais, plutôt par sa capacité à réunir des membres et à faire rayonner une culture, des valeurs, un esprit. Dans le cas du café l’Acadie, c’est la gastronomie qui sert de point d’ancrage. Cette culture devient alors accessible à tous, membres et non-membres de cette communauté. Elle rayonne comme le fait la lumière dans la lentille d’un phare. Elle est là pour nous guider et pour mettre de l’avant la diversité de nos communautés. Il s’agit sans doute là de l’une de nos plus grandes richesses. Le réconfort de savoir que, peu importe où l’on se trouve et à quel moment de l’histoire, le phare de notre communauté sera là pour nous guider.Le Courrier de la Nouvelle-Écosse a pour ambition de représenter toutes les communautés, petites et grandes, pour faire rayonner notre culture.
Une communauté de destins ?
Lors de notre rencontre avec la Société nationale de l’Acadie (SNA), des réflexions importantes ont émergé. Nous avons déterminé qu’une communauté est évolutive et complexe. Ses dimensions sont multiples. Ainsi, on pourrait appartenir à plusieurs communautés en même temps, faire partie d’une communauté sans nécessairement en parler à la langue ou encore en faire partie sans nécessairement partager des liens de sang avec ses membres.
Pour parler de la communauté acadienne, Daniel Thériault, gestionnaire des opérations et relations stratégiques de la SNA, aime utiliser l’expression “communauté de destins”. Une définition qui se veut inclusive et universelle. Les autres membres de l’équipe ont largement abondé dans le même sens, vers une définition très ouverte et très inclusive de l’identité acadienne. Une communauté qui doit s’ouvrir sur le monde et notamment intégrer les communautés immigrantes à son cheminement.
Ainsi, cette exploration pose une question cruciale, peut-on s’identifier comme acadien.ne sans pour autant l’être historiquement ? Nous revenons alors à l’expression de M. Thériault, communauté de destins. Une question en appelle une autre : quel(s) destin(s) ?
Au Courrier de la Nouvelle-Écosse, nous sommes convaincus que ce destin est une responsabilité collective à laquelle nous souhaitons prendre part de manière active en soutenant les communautés acadiennes, francophones et francophiles de la Nouvelle-Écosse.
Après 85 ans d’histoire, nous pensons qu’il s’agit toujours de notre mission première.
Pour et avec nos communautés, toujours.
Nicolas Jean
Directeur général
Jean-Philippe Giroux
Rédacteur en chef