
Après les attributs plus visibles, passons aux textes. Venant de lieux qui les inspirent, de son côté Dolly Parton commence sa carrière en racontant ce qui se passe dans ses Smoky Mountains, son Amérique à elle et des personnages qui l’entourent. Sa première chanson à arriver au #1 sur le Billboard des chansons country est l’histoire de Joshua — un homme typique du Tennessee.
Cy de leur côté, s’inspirent de leur vie sur la East Coast ainsi que de l’histoire qui les entourent, tel que l’on peut trouver dans « Les gens du Nord » : « ein gôddamn bon violoneux qui me r’garde, droite dans les yeux y dit, “j’ai point peur de la mâr, j’ai point peur de la misâre” ».
Cy est un groupe d’artistes talentueux qui ont pu mêler leurs dons afin de créer un univers rempli de folk-progressif, d’influences traditionnelles et un peu de bluegrass, entre autres. Leurs marques de fabrique, après les solos de mandoline épiques, sont les arrangements vocaux. Les arrangements vocaux dans « Un Goéland sans ailes » s’inspirent beaucoup de la musique traditionnelle acadienne. De son côté, Dolly Parton est maîtresse des arrangements vocaux, étant ressortissante de la vague de country où la guitare, la basse et les voix étaient la partie essentielle du genre. On retrouve, par exemple, la puissance émotive de multiples voix dans le refrain clé de « Jolene ».
Se lancer dans de nouveaux styles et des collaborations inattendues font partie de la vie de tous artistes prêts à se réinventer et à rester créatifs. Dolly Parton a pu explorer la musique très années 80 avec des albums tels « The Great Pretender » rempli de synthés et accentué d’une drum-machine, ou d’une touche de disco avec « Baby I’m Burnin’ ». Pour les collaborations, il y en a trop à mentionner, mais les plus récentes qui semblent improbables incluent des duos avec Sia, Kesha, Queen Latifa et la chanson hypnotique « Rainbowland » avec Miley Cyrus.
Cy de leur côté a collaboré avec l’autre résident de la Baie Sainte Marie qui semble omniprésent : Arthur Comeau. En tant que producteur de leur dernier album « Acadian Dream », ainsi que le locuteur des phrases envoûtantes dans « Lafayette à Mavillette » — on remarque une nouvelle image et un changement d’ère pour le groupe. Tel est inscrit sur leur BandCamp : [Acadian Dream] C’est de la radio communautaire acadienne en direct de la station spatiale internationale.
Cy, c’est une ode aux humains de toutes sortes, même ceux qui ne vivent pas sur les plus hauts échelons de la société, comment on peut le retrouver au « Paradis des Ivrognes » ou dans « Matonne », quand « ton café te regarde comme un grand œil noir, que t’es obligé de boire ». Dolly Parton, de son côté, est l’interprète de la chanson qui unit les travailleurs de multiples classes sociales avec « 9 to 5 », et malgré sa sortie vieille de plus de 4 décennies (1980), elle reste tout aussi pertinente aujourd’hui. Je m’identifie quotidiennement à cette chanson : « Tumble outta bed and stumble to the kitchen, pour myself a cup of ambition ».
Sachant pousser la création, toujours redécouvrir sa voix, tout en restant fidèle à ce que ses fans aiment — c’est ce que Dolly Parton fait depuis le début de son imposante carrière. C’est aussi ce que Cy réussit à accomplir depuis la sortie de leur EP éponyme en 2014. En attendant que l’American Dream ne cède sa place à l’Acadian Dream, nous partageons la poésiequi voyage dans les chansons de ces artistes:
« J’ai point le sang d’un Acadien errant,
mais j’passe mes jours à parler ma langue morte
là où-ce que l’eau m’emporte
d’une bouteille à l’autre »
« Caribou », Cy (2016)
« Take these old used memories from the past,
And these broken dreams and plans that didn’t last,
I’ll trade them for a future, I can’t use them anymore »
« The Bargain Store », Dolly Parton (1975)