le Mercredi 29 mars 2023
le Vendredi 17 décembre 2021 11:49 ON GROOVE DANS MON SALON

Noël en Acadie : ode populaire à l’amour de l’absurdité

Voilà le temps des décorations or-rouge-vert, des lumières qui percent la noirceur de la nuit tombant à 17 h, et des chansons des fêtes que l’on connaît par cœur dans les magasins. Après avoir trop écouté Mariah Carey, Céline Dion et Michael Bubblé, nous partons à la recherche de musique festive venant de l’Acadie.

Évidemment, les premiers résultats viennent du grand répertoire classique (Minuit Chrétien, Adeste Fideles, etc.), populaire (Mon beau sapin, Petit Papa Noël, etc.) et en creusant plus, nous finissons par trouver les chansons qui sont freegin’ wierd.

L’étrangeté d’une chanson ne veut pas dire que ses textes ne sont pas de qualité ou que son message soit sans intérêt — cela indique une création insolite dans le contexte des fêtes de fin d’année. 

Depuis mars 2020, nous vivons collectivement une réalité qui pourrait, en toute sincérité, être désignée de freegin’ wierd. C’est donc dans cet esprit que nous partons à la découverte de quelques morceaux qui pourraient s’ajouter à vos playlists de party (à participants limités) des fêtes. 

Débutons notre périple à la fin des années 1990, avec une chanson qui est restée dans l’imaginaire populaire : « Bankennes de Neige » du groupe folk-grunge-acoustique Zéro Degré Celsius. La petite flûte se faisant parfois entendre augmente l’ambiance folklo sarcastique. Le groupe est intentionnellement peu réceptif aux Fêtes, nous rappelant : il fait frette, le char ne veut pas starter, il y a de la neige partout… c’est Noël. Ils nous posent ironiquement la question « Tchis’qui a pensé d’mettre Noël l’hiver ? » 

Ensuite, l’album « Noël Blou ! » de Blou est rempli de chansons variées avec des arrangements sympathiques qui ont toutes rapport à Noël… sauf une. Celle qui se démarque, issue du répertoire traditionnel, est « Boire du Rhum ». Cette chanson est la seule qui, en tant que soit, ne fait pas référence aux Fêtes de fin d’année, mais qui raconte l’histoire de quelqu’un qui souhaite boire, le fait à l’excès, titube dans la rue, se fait arrêter et fini en prison. C’est LA chanson, si vous devez en choisir une, qui devrait faire partie de tous vos partys de cuisine de décembre (et même le reste de l’année).

D’un côté plus calme, écoutons le single que les Hay Babies ont sorti le 3 décembre 2020 : « Mam pis Pap ». Afin d’alimenter l’atmosphère pitoyable des fêtes en ce début de décennie, le groupe nous a sorti une balade rock-rétro qui raconte l’histoire de deux parents vieillissants, dont les enfants sont grands et vivent au loin, qui n’ont plus l’énergie ni l’envie de décorer et de fêter Noël. 

La narratrice, une de leurs enfants, chante « L’année qui vient, j’vais sauver mes cennes. C’est vrai que mam pis pap s’en viennent pas plus jeunes ». Cet excellent morceau est à écouter si l’on veut doublement s’ennuyer de sa famille ou à la fin d’une soirée bien arrosée de breuvages divers pour chanter et pleurer ensemble. 

Et pourquoi pas, une ode à ceux qui ont été de mauvaises personnes cette année ? Fraîchement sorti le 3 décembre 2021, citons le groupe de power-pop néo-écossais Sluice avec leur single « C’est Noël à Dirt Mansion ». Dans ce morceau rempli d’énergie, les habitants de Dirt Mansion (qui ne semblent pas faire les meilleurs choix, comme « mettre des shrooms dans le eggnog ») souhaitent que le père Noël leur rende tout de même visite. Ils lui disent « Si t’es ouellement fatigué, tu pourrais rester icitte, coucher sur notre grimy futon. » 

Finissons en beauté avec « les 12 jours de Noël ». Hormis la version incontournable des Méchants Maquereaux, ces couplets ont inspiré un grand nombre de créateurs. L’adaptation « Les 12 jours d’examens » de Jason Leblanc, eut son petit 15-minutes-de-gloire sur YouTube, lors de sa sortie, le 10 décembre 2011. Peu importe que vous soyez des Acadiens fêtards ou des étudiants désespérés : vous pourrez rire de cette histoire. Accompagné de grelots festifs, nous passons d’une dépression, à un laisser-aller et finissons avec une célébration un peu trop corsée : « 4 heures de sommeil, 3 Advils, 2 Gatorades, pi un gros mess de vomi partout ! » 

Il est écrit dans l’œuvre « Overlap » de Céleste Godin : « L’Acadie, ce n’est pas une place ». J’aimerais aller plus loin et dire que : l’Acadie est freegin’ wierd. Peu importe quelle est l’Acadie où vous vivez, fêtons-y la vie, l’étrange et l’absurdité de l’existence en cette fin d’année plus qu’étrange. 

Dans « Les 12 jours de Noël » des Méchants Maquereaux, avec la liste de cadeaux acadianisés, je vous laisse avec une question importante : qui ne rêve pas de vivre chaque jour comme si c’était le 7e ? 

« Le 7e jour de Noël, mon amour m’a donné 7 râpures molles ».