le Samedi 25 mars 2023
le Vendredi 8 octobre 2021 10:05 Société

La crise du logement s’accentue à Halifax

Kevin Hooper, gestionnaire des partenariats et du développement communautaire à l’organisme de bienfaisance United Way Halifax.   — courtoisie
Kevin Hooper, gestionnaire des partenariats et du développement communautaire à l’organisme de bienfaisance United Way Halifax.  
courtoisie
Une dizaine de personnes se sont jointes à l’organisme de lutte à la pauvreté ACORN pour manifester devant l’Assemblée législative provinciale le jeudi 23 septembre. Protestant contre la hausse exponentielle des coûts de logement dans la capitale et à travers la province, les manifestants demandent au gouvernement provincial de prendre des mesures pour combattre la crise du logement qui continue de s’aggraver.
Twitter NSACORN

Selon les résultats de l’Enquête sur les logements locatifs (ELL) réalisée par la société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) à l’automne, le taux d’inoccupation dans la ville de Halifax n’a augmenté que de 0,9 % entre 2019 et 2020.

Cela « indique que même si les pressions exercées sur le marché locatif s’atténuent, celui-ci demeure tendu », souligne dans le rapport l’analyste principal Kelvin Ndoro.

Avec un taux d’inoccupation de 1,9 % en 2020 et une augmentation de 4,1 % du loyer moyen, qui se situe désormais à 1170 $ par mois, la ville de Halifax fait face à une crise du logement et une augmentation de l’itinérance sans précédent. 

Néanmoins, « une baisse de l’immigration et les changements apportés à la mise en œuvre des programmes universitaires ont contribué à la hausse du taux d’inoccupation », souligne le rapport.

De multiples causes

Pour Kevin Hooper, gestionnaire des partenariats et du développement communautaire à l’organisme de bienfaisance United Way Halifax, la crise du logement dans la capitale est un problème systémique qui a différentes causes. 

« Fondamentalement, nous observons le résultat de plusieurs années d’investissements inappropriés dans les programmes de logements sociaux et le marché immobilier », indique-t-il.

« On observe qu’il y a une différence entre le salaire moyen et coût de la vie au sein de la région. Dès lors, il y a de plus en plus de personnes, financièrement confortables, qui sont à la recherche de services au travers du système d’hébergement d’urgence. Une chose qui ne devrait pas arriver compte tenu de leurs revenus », ajoute Kevin Hooper.

L’objectif de United Way est d’« établir des liens : entre les personnes vulnérables et les aides vitales, les décideurs politiques et les recherches importantes, et les généreux donateurs et les besoins les plus urgents de notre communauté », peut-on lire sur le site Web de l’organisme.

Selon le gestionnaire, une autre cause de la crise est l’important flux migratoire dans la province et le manque de ressources disponibles pour répondre aux besoins en logement de cette nouvelle population.

« Depuis longtemps, il y a un objectif stratégique dans la région et dans le reste de la province d’attirer les nouveaux immigrants et les gens de l’autre bout du pays. Pourtant, nous ne nous sommes jamais assurés que lorsqu’ils arrivent, il y ait assez de services et une offre en logements adéquate », déplore encore Kevin Hooper.

D’après lui, même si la pandémie a aggravé la situation à travers l’augmentation du chômage, la crise du logement était présente bien avant. Si rien n’est fait maintenant, la situation va s’empirer sur le long terme, avertit-il.  

La Municipalité démantèle des campements

Le 18 août dernier, la Municipalité régionale de Halifax a ordonné le démantèlement de plusieurs campements de personnes sans-abris situés dans des parcs municipaux. Cela a donné lieu à des altercations entre les forces de l’ordre et des manifestants. 

Bien que la Municipalité ait tenté de justifier ces expulsions en offrant de reloger les sans-abris dans un hôtel jusqu’à ce qu’elle trouve une solution permanente, certains ont été expulsés de l’hôtel après deux semaines.

Dans un communiqué de presse publié le 21 septembre, la Municipalité déclare que « le personnel municipal continue de travailler à l’identification des sites susceptibles d’accueillir des logements temporaires et évalue la pertinence de leur utilisation à cette fin, ainsi que les coûts potentiels ». 

« La municipalité s’est engagée à investir 500 000 $ dans un éventail d’installations d’urgence pour les personnes sans abri. Si des options appropriées sont identifiées, des fournisseurs de services communautaires professionnels seront engagés pour déterminer si le site est adapté aux logements à court terme et pour fournir un soutien. »

Coordonner l’effort des divers paliers

Drew Moore, porte-parole du réseau communautaire P.A.D.S, estime qu’il faudra impliquer tous les paliers gouvernementaux pour faire face à cette crise. 

Son organisme milite pour du logement « permanent, abordable, décent et sécuritaire ».

« Nous comprenons que cela nécessite la participation de plusieurs paliers gouvernementaux, mais nous pensons que la réponse à cette situation doit être une forme d’option de logement permanent, accessible, digne et plus sûre pour les personnes. Les gens doivent savoir qu’ils peuvent prendre une décision sans avoir peur de se faire expulser », explique-t-il.

Une opinion partagée par Kevin Hooper, qui estime que le blâme ne repose pas entièrement sur la Municipalité. Il faudrait selon lui que cette dernière reçoive un meilleur appui de la part des autres paliers provincial et fédéral. 

« La Municipalité doit faire face à une situation très difficile. Ils n’ont ni l’argent ni les ressources humaines ou même l’expertise pour faire face à cette situation de manière rationnelle », déplore-t-il.

SCHL