
LUNENBURG / ARICHAT
L’esprit de marin fait partie de l’âme et de la fierté de la Nouvelle-Écosse depuis maintenant 100 années et c’est peut-être ce qui explique pourquoi tous ceux qui embarquent sur la mythique goélette Bluenose II en ressortent éternellement touchés.
Le Bluenose original, conçu par William Roué et construit par le chantier naval Smith et Rhuland, a été lancé comme navire de pêche et de course sur les Grands Bancs à Lunenburg en 1921. Il a fallu 97 jours pour construire la célèbre goélette (schooner en anglais) .
Dès que le Bluenose a pris la mer, ce navire a frappé l’imaginaire collectif pour rapidement devenir légendaire.
Au cours des 17 années suivantes, ses exploits de course ont été sans égal. Aucun de ses adversaires américains ou canadiens n’ont été capable de lui arracher le trophée du navire le plus rapide, lui valant ainsi le titre de « Reine de l’Atlantique Nord. »
Le terme « Bluenose » provient d’un surnom donné aux pêcheurs néo-écossais remontant à 1785. Une théorie quant à ses origines parle des conditions froides et humides auxquelles étaient confrontés les pêcheurs qui devaient constamment se moucher avec leurs mains recouvertes de mitaines, la teinture bleue de celles-ci leur colorait le nez en bleu.
J’ai visité cette sirène marine le 7 août à son port natal de Lunenburg avec ses quelques 800 à 1 000 visiteurs quotidiens. Aussitôt à bord, j’ai ressenti l’amour et la fierté qu’auraient pu ressentirles marins qui y gagnaient autrefois leur vie. J’ai eu l’occasion de parler à de jeunes membres de l’équipage,une expérience qui m’a permis d’en apprendre davantage sur les exploits du Bluenose II.
Pendant plusieurs années, Délbe Comeau a navigué sur le Bluenose II. Originaire de Meteghan River, ce marin a navigué les océans pendant 26 ans. Il a mis les pieds sur le Bluenose II pour la première fois en 1975, d’abord comme matelot, et y a mené une « longue et gratifiante carrière en mer.»
En 1986, M. Comeau est promu second capitaine
« J’ai fait un long voyage naviguant jusqu’à Vancouver pour représenter la Nouvelle-Écosse à l’exposition mondiale. C’était dès le début une opportunité d’apprendre comment entretenir et naviguer avec un équipage qui avait également l’envie de la mer et la voile. À quelques reprises, nous étions dans des vents de 40 miles marins (75 km/ heure)», se souvient-il.
Phil Watson, le capitaine actuel du Bluenose II, a navigué sur le célèbre voilier pendant 20, parle de Delbé Comeau avec affection.
« Chez lui, il est entouré de photographies et de souvenirs d’une vie en mer et d’une bibliothèque débordante de livres sur tous les aspects de la voile et de la construction navale. Le Bluenose II est un ambassadeur de la Nouvelle- Écosse, une icône canadienne. J’invite les jeunes marins de venir à bord comme matelot pour une journée d’expérience pour entretenir, de monter et descendre les voiles durant nos saisons normales d’avril à octobre l’an prochain. L’un des moments forts cette saison a été la navigation aux côtés de l’aîné mi›kmaq Todd Labrador dans son canoë d’écorce de bouleau dans le port de Lunenburg ».
Ambassadeur de bonne volonté dans une année normale, le Bluenose II part de Lunenburg et visite des ports de la Nouvelle-Écosse et de l’Amérique du Nord. Il est régulièrement ouvert au public, offrant des croisières et un accès à bord à ses nombreux admirateurs. Souvent présent lors de visites commerciales et de promotions internationales pour la Nouvelle-Écosse et le Canada, ses déplacements ont été restreints en raison de la COVID-19.
Bluenose II – La légende renaît
Le premier capitaine du Bluenose, Angus Walters, et les constructeurs qui ont fabriqué l’élégant navire avaient quelque chose à prouver en 1921. Ils avaient en ligne de mire la course internationale des pêcheurs. Pour une goélette de pêche, la vitesse était un atout considérable puisque ceux qui arrivaient au port les premiers obtenaient le meilleur prix pour leurs prises. C’était une véritable course pour les navires des pêcheurs qui travaillaient dur et qui gagnaient leur vie en mer. La fierté et la réputation de la Nouvelle-Écosse en matière de construction navale naviguaient avec le Bluenose.
Les goélettes de pêche étant devenues obsolètes durant la période de la Seconde Guerre mondiale, et malgré les efforts pour le garder en Nouvelle-Écosse, le Bluenose a été vendu en 1942 comme transporteur de marchandises aux Caribes. Le navire a coulé près d’Haïti après s’être échoué sur un récif de corail en 1946.
En 1963 la brasserie Halifax Oland, à la recherche d’une mascotte pour sa bière Schooner, réunit les 200 000 $ nécessaires à la construction du Bluenose II. Elle fut éventuellement vendue en 1971 pour 1 $, cérémonieusement payé avec 10 pièces de 10 cents au gouvernement de la Nouvelle-Écosse, étant devenue une attraction touristique et un symbole important pour a province. Après quelques années d’exploitation directe par le gouvernement, le navire est confié à un organisme à but non lucratif. N’ayant reçu que 450 000 $ de 2,3 millions $ de la province le Bluenose II Preservation Trust est impliqué dans le scandale dit Sponsorgate.
En 2005 la province a transféré la gestion et les levées de fonds pour son entretien au Musée des maritimes de Lunenburg (Fisheries Museum of the Atlantic). Démoli en cachette en 2010, le public découvre qu’il ne s’agit plus d’un projet de restauration, mais bien de la construction d’un tout nouveau voilier qui permettait de répondre plus facilement aux exigences modernes. Le nouveau Bluenose II entre en exploitation en 2015, un projet qui aura coûté 18 millions de dollars.
Profitez de l’occasion de visiter le Bluenose II à Lunenburg jusqu’au 30 septembre avant la fin de la saison. Vous y trouverez un équipage d’antan qui sauront vous partager de merveilleux récits d’aventures sur le Bluenose II. Consultez le site du Bluenose II pour en savoir davantage (https://bluenose100.ca)