
Dans son rapport 2020 sur la pauvreté des enfants et des familles au Canada, l’organisme Campagne 2000 tire la sonnette d’alarme sur l’augmentation de la pauvreté infantile, notamment en Nouvelle-Écosse.
L’organisme rapporte que le taux de pauvreté infantile (moins de 18 ans) en Nouvelle-Écosse était de 24,6 % en 2018, contre 18,2 % à l’échelle nationale, soit une augmentation de 0,4 % depuis 2017.
À cela s’ajoutent la flambée des prix du logement dans la province, une instabilité économique liée à la COVID-19 et un manque criant de ressources en santé mentale. Un contexte propice au surmenage des intervenants, dénonce le milieu.
Augmentation des demandes
Selon Alec Stratford, directeur général du Nova Scotia College of Social Workers (NSCSW), la pandémie a accentué les différences sociales existantes au sein de la population.
Pour lui, la province souffrait déjà d’un sous-financement dans les services sociaux avant la pandémie. La dernière année et demie a néanmoins ajouté une couche de stress supplémentaire pour les familles en situation de précarité.
« Nous observons les impacts de la pandémie sur la population. Cela se traduit par une augmentation des demandes pour des services en santé mentale, en enfance ou encore pour tout programme relatif à la santé alimentaire et physique. L’ensemble de ces maux mettent une pression supplémentaire sur les services sociaux, qui ne sont déjà pas assez équipés », observe le directeur général.
Cette opinion est partagée par Ashlee Marie, une travailleuse sociale pour qui la situation semble s’empirer de jour en jour.
« Les listes d’attente sont de plus en plus longues. Nous faisons face à une crise du logement et il y a un manque d’infrastructures dans le domaine de la santé. Tous ces problèmes existaient avant la pandémie et continueront d’empirer si rien n’est fait », déplore-t-elle.
La santé mentale des intervenants aussi affectée
Bon nombre de travailleurs sociaux ont été contraints à travailler à distance durant le confinement. N’étant plus en mesure de renter dans les maisons des demandeurs, ils et elles ont dû s’adapter à une charge de travail différente et plus lourde.
« On sait que 85 % des travailleurs sociaux en Nouvelle-Écosse sont des femmes. Certaines devaient s’occuper de leurs enfants ou de membres de leur famille à la maison […] Tous ces facteurs ont créé énormément de stress et de problèmes mentaux chez ces dernières », explique Alec Stratford.
Ashlee Marie n’a pas personnellement été affectée par l’augmentation de la charge de travail, mais elle observe que la pandémie a été très difficile au niveau de la santé mentale pour certaines de ces collègues : «Je n’ai généralement pas de problème à séparer le travail de ma vie personnelle […] donc personnellement, je n’ai pas l’impression que la pandémie m’a affecté de manière significative en tant qu’assistante sociale. Mai, je sais que beaucoup de mes collègues auraient probablement répondu différemment à cette question. »
Des attentes vis-à-vis du nouveau gouvernement
Pour améliorer la situation, le NSCSW estime que le gouvernement devrait avant tout augmenter le financement des différents programmes sociaux déjà offerts.
« Nous devons répondre aux besoins de base de la population : que chacun ait accès à un revenu minimum, investir dans la construction de logements abordables et mettre en place des lois pour une meilleure sécurité alimentaire […] Il est important d’investir aussi pour un meilleur accès aux soins de santé », déclare Alec Stratford.
En ce qui concerne la santé physique et mentale des travailleurs sociaux, le Collège propose la création de programmes de bien-être. « Il faudrait trouver des moyens pour mesurer le niveau de stress et de fatigue des employés sur le long terme […] Nous devons créer un environnement de travail dans lequel la charge requise sera gérable par les employés, mais permettra aussi de créer des liens authentiques avec la communauté », conclut le directeur général.