
Dans sa lettre de revendication publiée le 4 août dernier, l’organisme revenait sur trois revendications majeures des populations francophones vis-à-vis du nouveau gouvernement : la conception d’un plan de relance économique post pandémique inclusif, la reconnaissance des communautés d’expression françaises dans la province et une amélioration de l’accès à une main-d’œuvre francophone qualifiée en Nouvelle-Écosse.
D’après le président de la CCFH, Marin Théberge, «il n’y a rien de mieux pour une communauté marginalisée que de concevoir des projets par et pour cette dernière […] Il faut une collaboration active entre les trois paliers gouvernementaux, la communauté et les organismes non gouvernementaux, pour arriver à améliorer la situation des francophones dans la province».
Il déplore du même souffle « un problème d’accès à l’information en français […] Je parle ici des communiqués de presse et des informations en lien avec la santé du grand public, qui sont majoritairement en anglais, mais aussi de tous les programmes de financement qui à ce jour n’existent qu’en anglais ».
Un accès équitable pour les francophones
De son côté, la FANE a envoyé un questionnaire aux partis politiques afin de connaitre leurs positions sur les enjeux pertinents pour la population acadienne de la province. L’organisme a également organisé un débat électoral.
La FANE espère désormais que le gouvernement prêtera une attention particulière aux enjeux mis en lumière, notamment : la connaissance des communautés acadiennes et l’importance du français pour s’adresser à ces communautés, la démographie et l’économie des régions acadiennes, la modernisation de la Loi sur les services en français, les leçons tirées de la pandémie relatives à la santé et à la sécurité des régions acadiennes, et le dossier d’une circonscription pour la région de Chéticamp.
Pour Marie-Claude Rioux, directrice générale de l’organisme, il est nécessaire que le dossier de la modernisation de la Loi sur les services en français aboutisse rapidement afin que les Acadiens aient accès de manière équitable à tous les services administratifs : « Ça fait depuis 2016 que la Fédération acadienne travaille sur ce dossier et donc on s’attend à ce que le dossier progresse pour que la Loi soit modernisée au cours du mandat du prochain gouvernement. »
Un autre secteur problématique selon Marie-Claude Rioux est celui de la santé, notamment les soins de santé spéciaux en français : « Prenons le cas de la pandémie ; pour faire des tests de dépistage dans la région du Sud-Ouest, il faut aller dans des centres anglophones, donc l’accès au dépistage n’est pas accessible en français dans les régions acadiennes. C’est la même chose dans les services plus moins spécialisés. C’est le cas en santé mentale, où il est extrêmement difficile d’obtenir des services en français. »
Attirer et retenir les francophones
Enfin, la CCFH et la FANE espèrent toutes deux que davantage de ressources seront accordées au développement d’une main-d’œuvre francophone qualifiée dans la province.
La province a publié en 2019 son Plan d’action pour l’immigration francophone en Nouvelle-Écosse 2019-2021, mais selon Martin Théberge, l’absence d’une cible précise pour l’immigration francophone dans la province nuit aux efforts fournis par les organismes pour attirer et retenir les nouveaux arrivants.
Il faudrait donc selon lui revoir les politiques migratoires dans la province pour inciter les francophones locaux et internationaux à émigrer dans les régions acadiennes. Une opinion partagée par Marie-Claude Rioux : « L’immigration est un formidable procédé pour assurer une main-d’œuvre qualifiée, mais aussi assurer la pérennisation de la langue […] On remarque actuellement une tendance à un retour vers la Nouvelle-Écosse pour les jeunes familles. Ces dernières se rendent compte qu’il est possible de vivre loin des centres urbains […] Il sera donc intéressant de voir ce que le gouvernement compte mettre en place pour les retenir. »
Enfin, la CCFH milite aussi pour la reconnaissance des communautés d’expressions françaises dans la province. L’organisme considère qu’à l’heure actuelle, les appuis dédiés aux francophones ne prennent pas en compte leurs spécificités.
Le CCFH propose donc la mise en place de programmes de mentorat et d’accompagnement en français offerts par, pour et avec la communauté d’expression française.
Cet article a été écrit avant les élections du 17 août 2021.