
Raymond Gaudet, résident de la Pointe-de-l’Église ayant un intérêt pour les oiseaux, a installé un nichoir chez lui l’an dernier pour offrir de l’habitat aux nyctales (Aegolius acadicus). Il a été ravi lorsqu’il a enfin entendu le cri de l’espèce.
Grâce à Shawn Craik, professeur de biologie à l’Université Sainte-Anne, Raymond a appris à l’égard de l’espèce. « C’était une occasion idéale pour pouvoir participer dans la recherche », dit-il.
Accueillir les nyctales dans votre coin
Selon Shawn Craik, le projet sur les nyctales permet aux gens de la communauté de rencontrer l’espèce et de s’engager dans les études. « Je suis toujours ouvert à de nouvelles personnes qui veulent participer [aux soirées de baguage] », précise-t-il.
De la fin septembre jusqu’à la mi-novembre, les soirées ont lieu au phare de la Pointe-de-l’Église, où Shawn et ses élèves étudient des oiseaux.
Chaque nyctale est donnée une bague avec un code du gouvernement, précise Shawn dans une vidéo publiée par l’Université Sainte-Anne en mars 2021. Il est possible de retracer les mouvements des nyctales, avec la bague, lorsque d’autres stations de recherche les capturent.
Raymond Gaudet rappelle son implication l’automne dernier: « J’ai beaucoup aimé ça. Premièrement, c’était tout un apprentissage. J’apprécie la technique qu’on utilise pour la capture ». Il est aussi reconnaissant du processus d’enregistrement des données et de la relance de l’oiseau.
Un autre moyen de s’engager: construire un nichoir, comme l’a fait Raymond. Le professeur Shawn Craik invite les gens qui veulent connaître la taille de la boîte et l’habitat nécessaire à communiquer avec lui.
« On ne sait pas d’où elles viennent » : étudier les patrons migratoires
« Quand je faisais mon doctorat à McGill, j’étais impliqué dans un projet de petites nyctales à une station de baguage là-bas », explique Shawn. Sa passion s’est répandue depuis.
Arrivé à l’Université Sainte-Anne, il s’est demandé si les nyctales habitaient en Clare. « Le Petit Bois a l’habitat que cherche la petite nyctale, surtout pendant la migration. Ça veut dire des épinettes, des forêts denses », illustre-t-il. Suite à l’obtention de permis et d’équipements, il a découvert que (oui!) les nyctales y habitent.
Les données recueillies par Shawn contribuent à « une étude panaméricaine qui suit les patrons de migration de la minuscule petite nyctale », souligne le site Web du Petit Bois.
Shawn décrit la migration éruptive: « Chaque deux ans, on a un nombre relativement élevé de jeunes [nyctales] qui reflète justement une belle reproduction », explique-t-il. À l’automne 2020, son équipe « a capturé quarante-quatre nyctales [dont] quarante-deux étaient des bébés! ».
Un projet de radiotélémétrie a facilité la cueillette de données sur les déplacements de l’espèce. Shawn explique qu’ils ont mis sur des nyctales un «émetteur de radio qui envoie un petit signal toutes les quelques secondes. Ces signaux-là peuvent être détectés par des tours, un peu comme des postes de radio».
Il existe peu d’informations sur l’origine et la biologie des nyctales, selon Shawn. Pourtant, l’étude de radiotélémétrie, qui a suivi plus de deux cents oiseaux, a démontré que plusieurs hivernent au sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. « C’est un endroit où il n’y a pas beaucoup de neige. Les nyctales cherchent des souris et des petits rongeurs qui sont dans la terre et donc, si y’a pas beaucoup de neige, c’est plus aisé pour [elles] à avoir leur souper. »
Leurs mouvements s’étendent jusqu’aux États-Unis. « Les résultats peut-être les plus excitants c’est qu’on en avait eu trois ou quatre qui se sont rendues au Massachusetts, la vallée de la rivière Connecticut! », dit Shawn.
Pour lui, cette recherche « c’est le fun parce qu’on remplit un peu des trous ».
Il reste à en découvrir plus sur les nyctales. À voir si elles seront de retour cet automne!
