Paru l’an dernier aux presses de The Historic New Orleans Collection, l’ouvrage du professeur Clint s’intitule Afro-Creole Poetry in French from Louisiana’s Radical Civil War-Era Newspapers: A Bilingual Edition. Ce livre réunit près de 80 poèmes composés au 19e siècle par des militants créoles en faveur de l’égalité raciale. Ces écrits ont été publiés dans deux journaux, L’Union et La Tribune de la Nouvelle-Orléans, tous les deux fondés par des « gens de couleur » francophones et voués à combattre le racisme pendant et après la guerre de Sécession (1861-65), laquelle a mis fin à l’esclavage aux États-Unis. En plus d’avoir traduit ces poèmes en anglais, Bruce signe un essai d’introduction ainsi que des notices biographiques sur les auteurs.
The Historic New Orleans Collection a invité Harris-DeBerry, ya Salaam et Saloy, écrivains bien connus et remarqués par la critique, à choisir un poème du livre et à y réagir par un texte original. Le ton contestataire des poésies du 19e siècle trouve un écho percutant dans leurs compositions, ce qui montre la pertinence actuelle des œuvres dans Afro-Creole, jusqu’ici méconnues aux États-Unis ainsi que dans le monde francophone. Dans chacune des trois vidéos, la traduction du professeur Bruce est lue par l’acteur et chanteur d’opéra Ivan Griffin, suivie de la lecture du nouveau poème par son auteur.
Voici les titres des trois œuvres et des poèmes dont elles s’inspirent :
Kelly Harris-DeBerry, « We Are the Holy Ones », en réponse au poème « Le triomphe des opprimés / The Triumph of the Oppressed » (poète anonyme, 1864)
Kalamu ya Salaam, « The War and Our Future », en réponse au poème « La guerre et l’avenir / The War and the Future » (« L. de P. », 1862)
Mona Lisa Saloy, « Erase Tyranny of Today », en réponse au poème « Les tyrans au tribunal de l’histoire / Tyrants Before the Judgment of History » (poète anonyme, 1862)
« Dès ma découverte de cette poésie saisissante de la Louisiane francophone, j’ai toujours cru que ces textes du 19e siècle n’avaient pas fini de livrer leur message – que ces poèmes avaient encore des choses à nous dire », affirme le professeur Bruce. « En voilà bien la preuve. »