Lors du début de cette pêche, le chef de bande de Potlotek, Wilbert Marshall a dit, parlant aux médias anglophones, que la pêche se pratiquerait du premier octobre au début décembre, soit sur deux mois. Depuis ce temps-là, il n’est plus assuré que ladite pêche de subsistance prenne fin en décembre. C’est une situation fluide ou toujours changeante, au moment d’écrire cet article.
Donc, la pêche au homard fait parler et fait jaser davantage, aujourd’hui, à l’automne 2020. De plus en plus, les rumeurs circulent sur le nombre de casiers mis à l’eau, sur la tension qui se fait ressentir et tranquillement l’inquiétude s’installe. La présence policière est très évidente et accrue, ces temps-ci, en région de l’Isle Madame et autour des quais de la région de Petit-de-Grat. Qu’est-ce que cela veut dire? Quand on n’est pas certain, ça nourrit le soupçon et commence des rumeurs. On n’ose pas se prononcer trop ouvertement de peur d’être ciblé d’un côté et de l’autre.
Comment cette pêche influera-t-elle sur la saison ordinaire et autorisée de mai à juin 2021? Quel effet est-ce que cette pêche aura sur la ressource? Pourquoi est-ce que tout le monde ne pêche pas en même temps de l’année? Voilà des questions posées souvent et discrètement par les pêcheurs et membres des familles de ces pêcheurs ainsi que par d’autres gens ou observateurs. On se dit en faveur de la décision Marshall, d’où découle cette pêche. On dit que la décision de la cour a force de loi. On dit qu’on veut de bonnes relations avec les autochtones, comme cela a été le cas par le passé. Les deux groupes ont pêché côte à côte pendant nombreuses années. On dit à haute voix, tout fort, qu’on ne veut pas de violence. Une personne qui fait la pêche et qui a un rôle de leadership, dans l’organisation des pêcheries de Richmond, dit qu’elle est fière de comment ont réagi les pêcheurs, mais elle dit aussi que les pêcheurs commerciaux devraient faire partie des discussions et des plans à long terme. Cette personne, Carla Samson, se dit intéresser à garantir une ressource pour le long terme. Elle dit à quel point il est important de pêcher selon des règlements et des saisons bien définies de sorte qu’on ne détruise pas une ressource qui est très rapporteuse, depuis quasiment 20 ans maintenant. Une ressource qui a été bâtie ou nourrie par des mesures de conservation, selon ses commentaires partagés récemment.
Par le passé, la pêche au homard se discutait surtout au printemps et il s’agissait surtout de connaître ou de s’inquiéter du prix qui serait payé, la quantité de la ressource et les tempêtes qui pourraient se lever peu après la mise en mer des casiers. La saison se pratique, pour les pêcheurs commerciaux de la zone LFA 29, du premier mai au 30 juin, donc une pêche qui dure 60 jours.

En dehors de ce cadre-là, le homard ou la pêche au homard ne se discutait pas démesurément. Oui, il faut avouer, toutefois, qu’il y a toujours eu un peu de braconnage qui se passait à l’automne. Eh oui, cela pouvait faire parler certaines gens, mais pas comme ces jours-ci. Cette pêche-ci n’est classifiée de braconnage ni par les autochtones, ni par les pêcheurs commerciaux ou les pêcheurs de la saison printanière. Le braconnage se pratiquait sous le noir de la nuit ou à l’insu des gens de la région. La pêche de subsistance convenable est pratiquée sous la clarté du soleil et en pleine vue de toutes et de tous.
C’est de cette façon-là que les deux groupes, en question, veulent pêcher. Ouvertement. Le différend est à savoir quand, à quel moment de l’année, devrait se passer cette pêche au homard dans la zone LFA 29.
La situation actuelle continue de faire jaser, comme il a été dit ailleurs dans ce texte, et des changements de cap peuvent survenir d’une journée à l’autre. Entre temps, les agents de police circulent, les agents de pêche font de même, les pêcheurs commerciaux surveillent de loin, gardent leur distance et, jusqu’à un certain point, le silence aussi. Les autochtones continuent de pratiquer leur droit de pêcher, la pêche de subsistance convenable et on parle de moins en moins d’un nombre de casiers qui avaient été retirés de la baie, par des agents de pêche, au début de l’exercice de pêche.
Jusqu’ici l’eau n’a pas été troublée plus que ça. Les pêcheurs commerciaux continuent de patienter et les pêcheurs autochtones aussi. On attend toujours que des précisions parviennent de Pêches et Océans.
Quelques faits connexes ou en appui à la situation
La zone LFA 29 est le territoire de pêche de 63 pêcheurs commerciaux. Ces pêcheurs sont décrits ainsi dans les documents officiels de Pêches et Océans : 53 pêcheurs détiennent un permis de pêche classe A, autorisant jusqu’à 250 casiers; 4 permis de pêche classe B autorisant jusqu’à 75 casiers; 1 permis de pêche pour besoin de la science, à titre de 3 casiers; 5 permis de pêche commerciaux — communautaires appartenant aux Premières Nations de la région (2 permis à la Première Nation de Potlotek), (2 allant à Mime’J Seafoods qui est relié au Nova Scotia Native Council), (1 permis pour la Première Nation de Waycobah).
La zone LFA 29 comprend ce qui est connu comme la baie de Saint-Pierre, une partie de la baie de Chedabuctou et, en réalité, toutes les eaux qui entourent l’Isle Madame. (voir la carte) Selon Carla Samson, c’est un des plus petits territoires de pêche, sur l’ensemble de la province.
