
Au pays, de nombreuses municipalités réglementent également leur usage; la première a été Leaf Rapids, au Manitoba, en 2007.
« Interdire les sacs en plastique à usage unique est un incontournable. On a un vrai problème de plastique et tout le monde le reconnaît », souligne Sylvain Charlebois, directeur du Laboratoire d’analyse en science analytique agroalimentaire de Dalhousie University à Halifax.
On estime qu’en moyenne, chaque Néo-Écossais utilise 450 sacs à emplettes en plastique chaque année, dont une grande partie n’est pas recyclée et se retrouve au site d’enfouissement. De plus, 3 % des détritus retrouvés dans la nature en Nouvelle-Écosse sont des sacs en plastique qui sont dangereux pour la faune et qui mettent de nombreuses années à se décomposer.
Un sondage téléphonique de la firme Narrative Research effectué pendant l’été 2019 a montré un vaste soutien de la population pour cette interdiction. En effet, 88 % des Canadiens et Canadiennes des provinces atlantiques interrogés se déclaraient en faveur de cette mesure.
« À Waste Check, nous espérons voir moins de déchets sur le bord de la rue et une grande réduction du nombre de sacs au niveau des sites d’enfouissement », indique Anne LeBlanc, coordonnatrice à l’éducation à Waste Check à Yarmouth. « Lors de notre tournée d’éducation dans les communautés dans le cadre de la Semaine de réduction des déchets (du 19 au 25 octobre 2020), il y a eu très peu de personnes opposées à cette loi », ajoute-t-elle.
L’interdiction provinciale des sacs en plastique à usage unique ne devrait pas surprendre beaucoup de Néo-Écossais puisque plusieurs magasins l’ont déjà mise en place. Ainsi, le supermarché Atlantic Superstore sur la rue Quinpool, à Halifax, ne distribue plus de sacs d’emplettes en plastique depuis longtemps. La compagnie Sobeys les a supprimés dans ses 255 supermarchés du pays depuis le 31 janvier 2020, éliminant ainsi 225 millions de sacs en plastique par an. D’autres magasins comme Walmart facturent l’usage de sacs en plastique à la caisse pour inciter les consommateurs à utiliser des sacs réutilisables. La loi prévoit cependant quelques exceptions, par exemple pour les produits en vrac, la viande et le poisson ou les articles de blanchisserie. Les magasins seront libres de proposer des sacs en papier (le gouvernement recommande cependant que ces sacs soient faits d’au moins 40 % de fibres recyclées) et de les facturer ou non.
« Malgré la COVID-19 et un fort lobby, surtout du secteur du pétrole qui soutient que les sacs en plastique sont plus sécuritaires d’un point de vue sanitaire, c’est une très bonne nouvelle que le gouvernement de la Nouvelle-Écosse et le gouvernement fédéral ont décidé d’aller de l’avant avec cette interdiction », mentionne Sylvain Charlebois.
En effet, le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Jonathan Wilkinson, a confirmé récemment que, dès la fin de l’année 2021, six articles de plastique à usage unique seront interdits partout au Canada. Les sacs de plastique, les anneaux pour les paquets de bière ou de boisson gazeuse ou encore les ustensiles, les pailles, les bâtonnets à mélanger le café et les récipients alimentaires faits de plastique difficilement recyclables sont appelés à disparaître. Ce sera une étape vers l’objectif du gouvernement du Canada de zéro déchet de plastique d’ici 2030.
« Le plus gros problème reste le suremballage, mais changer les pratiques, ça prend du temps, alors c’est toujours une bonne nouvelle quand les habitudes changent » se félicite Sylvain Charlebois.