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le Jeudi 26 mars 2020 14:32 Arts et culture

Albert Poirier, musicien acadien, décédé à l’âge de 72 ans

Le musicien Albert Poirier de Chéticamp est décédé le 2 mars 2020. — Rosie AuCoin-Grace
Le musicien Albert Poirier de Chéticamp est décédé le 2 mars 2020.
Rosie AuCoin-Grace
CHÉTICAMP : La population acadienne de la région de Chéticamp ainsi que des gens de près et de loin ont été attristés d’apprendre le décès d’Albert Poirier d’un cancer. Il est décédé le lundi 2 mars dernier au Centre de santé Sacré-Cœur. Né le 18 septembre 1947, il était le fils de feu Hubert (à Pitre à Hubert) Poirier de Plateau et de Cécile Anne (à Tom à Dominique) Doucet de Grand-Étang.

     Albert a rédigé ses mémoires pour sa fille Lisa, intitulées Acadian Boilermaker (chaudronnier acadien). Les anecdotes détaillées qu’il relate sont un merveilleux legs pour sa famille. Albert possédait une bonne banque de récits et d’anecdotes et il a eu le courage de présenter le voyage de sa vie, ses réussites autant que ses épreuves. « J’ai parlé et Sylvia (son épouse) a écrit, dit-il. Si ce n’était pas d’elle, ceci n’aurait pas été possible. Ce pourrait ne pas être intéressant pour vous, mais c’est ma vie, le mauvais et le bon », avait-il dit.

     Nous partageons aujourd’hui une partie de son histoire. Il a relaté son enfance au havre de Grand-Étang. La famille était proche, même plus tard dans la vie, jamais riche mais toujours heureuse; nous avions assez à manger et un toit au-dessus de nos têtes. Il avait deux sœurs, Lorraine et Germaine, et un frère, Marcel. Ils ont perdu leur mère le 27 juillet 1975 alors qu’elle n’était âgée que de 61 ans. Leur père s’est remarié avec Priscille Cormier et est décédé cinq ans plus tard.

     Albert a commencé l’école en 1952 à l’âge de 5 ans à Grand-Étang là où Gérard (à Lévis) habite aujourd’hui. Sa première enseignante était Laura (à Johnny à John) AuCoin, et en troisième année, il avait Joseph (à Paulite) Delaney parce qu’on ne pouvait pas trouver un remplaçant. Celui-ci était apparemment très gentil et ils avaient beaucoup de plaisir. Il y a eu bien sûr plusieurs autres enseignants. En 1959, il est allé à la nouvelle école à côté de l’église où le Centre LeMoine est présentement situé. En 1963, il est allé à l’école à Chéticamp, dans le vieux couvent jusqu’à Noël, et ensuite dans la nouvelle école NDA.

     Il a raconté des histoires au sujet de l’équipe de balle-molle de LeMoine qu’il a bien aimée. Il y avait aussi les parties de hockey dans l’ancienne patinoire. Il était un amateur de sports. Il jouait au hockey dès un jeune âge et il aimait regarder des parties de hockey. Il a réalisé un de ses rêves quand il a pu voir une vraie partie de la Ligue nationale du hockey et voir à l’œuvre son équipe favorite, le Canadien de Montréal.

     En 1964, après une mauvaise année, il a décidé de déménager dans la grande ville de Toronto. Il n’avait alors que seize ans et n’avait aucun métier ni expérience de travail. Son dernier emploi avait été de saler le gaspareau à Grand-Étang. De partir pour Toronto, c’était comme un rêve devenu réalité pour Albert qui n’avait jamais quitté son village natal. Il est parti avec ses vêtements dans un sac Co-op et un nouveau chapelet, un cadeau de sa mère. Il avait plusieurs histoires comiques à raconter au sujet des différences entre Toronto et sa région natale, au sujet des emplois en usine et des rencontres de plusieurs gens de Chéticamp qui vivaient là à l’époque.

     Il a été chaudronnier pendant 47 ans auprès du local 73. Il a décrit son expérience dans ce métier et comment il a d’abord appris la définition du mot chaudronnier. Il n’avait aucune idée de ce que ça signifiait. Il était surtout reconnaissant à Roger (à Henri à John) Deveau de l’avoir encouragé à quitter son emploi à Toronto, à prendre un cours de soudure et à revenir à Chéticamp. Roger Deveau et son frère Raymond qui étaient tous deux chaudronniers lui ont enseigné le métier et l’ont amené au local 73. Il a déclaré avec grande reconnaissance que s’il était capable de prendre sa retraite avec une bonne pension, c’était à cause de ces grands amis. Il a travaillé ailleurs en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick, en Ontario, en Saskatchewan, à Holland au Michigan et à Philadelphie aux États-Unis.

     Albert a décrit la première fois qu’il a vu son épouse Sylvia. Il connaissait ses frères, mais il était trop gêné pour l’inviter à sortir avec lui. Éventuellement, ils se sont mariés le 26 décembre 1968. Leur fille, Lisa, dont il est très fier, est née le 6 février 1974. Il aimait beaucoup sa famille et son seul regret était de ne pas avoir été toujours là pour elle.

     Il connaissait bien les voitures. D’ailleurs il pouvait toujours associer l’année d’une de ses anecdotes à une voiture en particulier. C’est ainsi qu’il était certain de la date des évènements du passé. Il avait une belle collection de modèles de voitures qu’il adorait.

     Impossible de parler d’Albert sans mentionner son amour de la musique et le fait qu’il était musicien. Déjà à un très jeune âge, il était entouré de musiciens. Sa mère pouvait jouer du violon et de l’orgue. Il avait aussi cinq oncles qui jouaient du violon et il y avait beaucoup de partys dans les maisons familiales. Il y avait des musiciens des deux côtés de la famille. Sa deuxième demeure était chez Peter (à Joe) Chiasson à Grand-Étang et cette famille musicale faisait de la musique tous les soirs. Il a appris à jouer de la guitare avec un membre de cette famille, Albert Chiasson. Il voulait tellement apprendre qu’il a commencé à jouer avec les autres, y compris avec Léopold qui jouait du violon. C’est ainsi qu’il a appris à les accompagner.

     Comme joueur de la guitare, Albert a rencontré plusieurs gens et de nombreux musiciens. Il a joué à d’innombrables partys avec Albert Chiasson, Gérard (à Moïse) Romard, Cameron Chisholm, Chester Delaney, ses oncles et éventuellement avec Cayouche. Soit à Toronto, soit de retour chez lui, il ne ratait aucune occasion de faire de la musique. En 1969, l’artiste Lionel (à Marie Louise) LeBlanc, mieux connu comme Joe King, a décidé d’enregistrer ses chansons et a demandé à Albert Poirier de l’accompagner. C’était un autre de ses rêves qui se réalisait. L’enregistrement, intitulé Anything’s Better Than Nothing, comprenait Joe King et Corinne Cee, mieux connue chez nous comme Corinne Camus. Les membres du groupe étaient Albert Poirier (guitare rythmique), Léopold Chiasson (violon), Rod McMullen (guitare), Ernie Parker (batterie), John Cadeau (steel guitar ou guitare hawaïenne) et Cecil Grainger (basse).

     Albert a surtout joué avec Gérard et Chester. À la fin des années 1970, ils ont donné des spectacles assez régulièrement. Gérard disait souvent : « sans Albert, sans Chester, y a pas de Gérard, non plus ». C’était un trio indissociable. Albert dit que si ce n’était pas de Gérard, il n’aurait pas joué à autant d’endroits : The Boardwalk, les émissions à la Radio CKJM, les danses bénéfices, les camps, Breakfast Television, le Centre acadien, Louisbourg Playhouse à Ingonish, le Gros Tyme sur le front de mer à Halifax, aux Îles-de-la-Madeleine et, pendant douze ans, il a fait partie de l’orchestre-maison aux soirées d’artistes amateurs à la taverne Doryman.

     Il était très fier d’une autre expérience d’enregistrement. Gérard avait demandé à Albert s’il participerait à l’enregistrement d’un disque compact intitulé Gérard Romard et amis – le Moineau et auquel participaient Gérard Romard, Albert Poirier, Chester Delaney et Donald Boudreau.

     Albert a aussi parlé avec affection des nombreux rassemblements au camp de Raymond Deveau et des émissions de radio en direct avec un camp rempli de musiciens. Ces dernières années, comme Gérard n’était plus parmi nous, Albert a joué au Foyer Père-Fiset chaque semaine avec des artistes locaux. Il aimait d’improviser au Pit avec ses amis musiciens. Il était membre et fier supporteur de l’AMAC (Association musicale acadienne de Chéticamp). Il appréciait aussi son café du matin avec ses amis, et son sens de l’humour particulier va sûrement leur manquer.

     Albert laisse dans le deuil son épouse, Sylvia, sa fille, Lisa, et son frère, Marcel (voir avis de décès dans Le Courrier du 13 mars). La messe des funérailles a eu lieu le samedi 7 mars à 10 h 30 en l’église Saint-Pierre. Le père Pierre Antoine St. Cyr officiait. Plusieurs personnes d’ici et d’ailleurs y assistaient. Les Boilermakers ont monté une garde d’honneur pendant qu’on apportait les cendres d’Albert dans l’église et à la sortie. Le chaudronnier Glenn Aker a chanté Amazing Grace. Le gendre d’Albert, Robbie Myette, a lu la prière des chaudronniers à la fin de lacélébration.L’enterrementaura lieu plus tard dans le cimetière paroissial sous la direction du Salon funéraire de Chéticamp.